Le blog de Danielle PERSICO

Ce 26 Avril 2024, c'est le premier 26 Avril sans Michèle depuis 2006, date où les Verts ont mis en place une plaque commémorative de la catastrophe de Tchernobyl à Saint-Marcel-lès-Valence, où nous nous retrouvions chaque 26 avril. Nous avons ressenti profondément son absence et je me suis souvenue que je n'avais rien écrit après son décès brutal le 29 novembre 2023. Aussi je dépose dans ce blog quelques  photos d'elle et des textes écrits lors de la cérémonie de souvenir de ses obsèques. 

Texte de son bilan de mandat écrit par Michèle peu avant sa mort lu par Camille Zakar son attachée parlementaire de Valence  le 30 novembre lors du temps de recueillement devant son local.

De mes débuts en politique, en tant que députée de la Drôme, jusqu'à mon combat au Parlement européen, ma détermination à défendre la transparence, l'accès aux données et le droit de savoir a été sans relâche.

Il est temps pour moi de dresser, non sans émotion et nostalgie, le bilan de mon action au Parlement européen. Ces 15 années de lutte pour un monde plus transparent , plus durable et plus juste ont été remplies de combats ardus, de victoires significatives et de moments de frustration face à un système politique parfois trop corrompu par des intérêts privés.

Je me suis battue pour les lanceurs d'alerte et les victimes de scandales sanitaires et environnementaux, car la vérité doit prévaloir sur les intérêts de quelques-uns. Mais ce combat n'a pas été sans obstacles, car je me suis heurtée à l'obstination de ceux qui préfèrent protéger leurs profits plutôt que la santé de nos concitoyens.

Aujourd'hui, alors que je quitte le Parlement européen après trois mandats d'engagement acharné, je passe le relai à mes collègues députés pour qu'ils poursuivent mon combat avec détermination. Je leur demande de ne jamais oublier que nous sommes là pour représenter l'intérêt général et non pas les intérêts privés. 

Je tiens à vous remercier de tout cœur pour votre confiance et votre soutien pendant ces 15 années. Mon combat pour un monde meilleur ne s'arrête pas ici, et je vous appelle à rester mobilisés pour défendre les causes qui nous tiennent à cœur.

Michèle

J’ai une pensée pour mon équipe, Tamar Gugulashvili, Maxence Layet et Thys Sipma à Bruxelles, Camille à Valence .

Communiqué de presse d’EELV Valence-EELV Drôme envoyé le mercredi 29 novembre

Bonjour,

C'est avec une profonde tristesse que nous, écologistes de Valence et de Drôme, annonçons le décès de notre chère collègue et amie, Michèle Rivasi. Elle nous a quittés le 29 novembre 2023 à Bruxelles, à l'âge de 70 ans.

Michèle Rivasi était une figure emblématique de l'écologie en France et en Europe. Députée européenne depuis 2009, membre d'Europe Écologie Les Verts (EÉLV), elle a consacré sa vie à la défense de l'environnement et à la promotion d'une société plus juste et durable.

Elle a été députée de la Drôme de 1997 à 2002, puis vice-présidente du conseil général de la Drôme et adjointe au maire de Valence de 2008 à 2009. Cofondatrice et première présidente de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) en 1986, une association créée après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, Michèle Rivasi a toujours été à l'avant-garde des questions environnementales.

 

Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, est décédée ce matin, mercredi 29 novembre 2023.

Figure inspirante, stimulante et engagée, fondatrice d’associations comme la Criirad en 1986, Michèle Rivasi a consacré sa vie à la protection de la biodiversité et au combat pour la transparence dans l’intérêt des citoyens européens.

Membre active de notre parti, figure politique écologiste majeure, ancienne députée de la Drôme, vice-présidente du conseil général de la Drôme, conseillère municipale à Valence, elle rejoint le Parlement européen en 2009. Son dernier mandat devait s’achever en juin prochain. Elle laissera une empreinte indélébile sur de nombreux aspects de la législation européenne, par son travail acharné et sa pugnacité sans égale.

La disparition de Michèle Rivasi est une perte immense pour l’écologie politique, la démocratie européenne, et pour tous celles et ceux qui ont eu le privilège de la connaître et de travailler à ses côtés. Les Écologistes - EELV saluent son courage, son authenticité, son intégrité et sa proximité avec les gens.

C’est une immense perte pour l’écologie politique et notre famille politique en général. Par ce communiqué, nous souhaitons exprimer nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses amis et à tous ceux qui pleurent sa perte.

Nous nous joignons à la douleur de ses proches et de sa famille et demandons le respect de leur vie privée pendant cette période de deuil.

Hommage du laboratoire CRIIRAD

Michèle Rivasi dans les locaux de la CRIIRAD en 1991 © CRIIRAD

29 novembre 2023. Michèle Rivasi est décédée. C’est une profonde douleur pour la CRIIRAD et une grande perte pour l’Écologie.

Avant qu’elle ne s’engage dans la politique pour devenir la députée européenne qu’elle était aujourd’hui, son nom a été intimement associé à celui de la CRIIRAD, dont elle a été une des fondatrices et qu’elle a présidée de 1986 à 1997.

C’est la catastrophe de Tchernobyl le 26 avril 1986 et la manière dont la désinformation s’est organisée au plus haut niveau de l’État en France qui l’ont amenée à porter fermement une parole scientifique contradictoire et indépendante dans les médias dès juin 1986. Ses interventions dans l’émission de Michel Polac « Droit de réponse » où elle a appelé à la création d’un laboratoire indépendant de mesure de la radioactivité dans notre pays ont été déterminantes. C’est grâce aux dons reçus que le laboratoire de la CRIIRAD a été créé.

Infatigable militante, éprise de Vérité, Michèle aura marqué les premières années de la CRIIRAD par sa générosité, sa disponibilité amicale, son acharnement, contre vents et marées, à faire établir la réalité scientifique. Femme de cœur, c’est à Bruxelles qu’elle continuait son combat au service de la santé humaine. C’est à Bruxelles qu’en femme vivante, debout, son cœur s’est arrêté.

Aujourd’hui, nous la pleurons.

L’équipe de la CRIIRAD adresse toutes ses pensées et ses sincères condoléances à ses proches.

Annie Roche texte lu le 30 11 2023 lors du temps de recueillement

Michèle était comme un totem pour moi en politique. Forte, droite, infatigable, capable de convaincre les plus réticents pour une cause juste…

Je l’ai connue dans les années 2000, alors Députée, lorsqu’elle m’a accompagnée dans mon projet « Députée junior » avec ma classe de CM2 de l’école Jules Vallès.

Puis au hasard d’une rencontre place Porte Neuve, elle m’a demandé de la rejoindre pour faite une liste en vue des Municipales de 2008. Et là a commencé mon engagement en politique grâce à la victoire qu’elle a remportée, car on sait bien toutes et tous, que c’est grâce à elle que nous avons pu mener de beaux projets pour la ville de Valence.

Michèle était une Femme de combat toujours pour le bien commun. Sans relâche, elle a combattu, l’injustice, les pouvoirs dominants qui n’ont pour toute boussole la puissance et l’enrichissement personnel…

Même éloignée par ses responsabilités européennes, elle a toujours répondu à nos appels pour défendre la cause de l’environnement, de la santé, des plus démunis…c’était une femme politique de la proximité. Nous l’admirons aussi pour ses actions de défense des grandes causes internationales, de Fukushima à la forêt amazonienne…au Parlement Européen où ses interventions marqueront certainement longtemps…

Merci pour tout ce que tu as apporté à l’écologie politique, la Démocratie, la défense des plus faibles… ne jamais rien lâcher…, tu avais tellement de projets pour la fin de ton mandat !

Nous sommes très tristes depuis hier matin. Une pensée très profonde et très sincère pour tes enfants et petits-enfants.

Texte de Danielle Persico lors de l’hommage à Michèle Rivasi le samedi 9 décembre 2023 à Dieulefit

Une femme pour vous faire entendre ! C’était le slogan de ta campagne des législatives de 1997, date où nous nous sommes connues. Je t’avais prêté mon vélo pour sillonner la circonscription de Valence, nous étions une bonne trentaine à pédaler à tes côtés. Tu as gagné, nous avons gagné, avec de 33 voix.

Tu étais députée de la Drôme.

Michèle était un peu plus jeune que moi. Mais elle a été pour moi comme une grande sœur, la grande sœur qui vous montre la voie, en politique, et la grande sœur amie, celle avec qui on partage ses joies et ses peines.

Une sœur, une femme…

Quelle femme était Michèle ? Les adjectifs laudatifs pleuvent dans ma tête. En voici une sélection, dans laquelle vous vous retrouverez forcément, vous qui l’avez connue.

Michèle, Femme belle

J’ai toujours trouvé que tu souriais avec tout ton visage : avec ta bouche, c’est normal, mais aussi avec tes yeux et aussi avec ta voix. Cette voix qui donnait toute sa saveur à ton accent parfaitement drômois va nous manquer. Elle trouvera toujours son écho au fond de moi.

Michèle, Femme rebelle

Ton entrée dans le champ médiatique et politique, alors que tu étais une jeune femme de 33 ans, annonçait la couleur. Tu étais là pour dénoncer les mensonges du gouvernement, pour lui tenir tête, parce que les mensonges autour de Tchernobyl t’étaient insupportables. Rebelle, tu l’es restée. Tu es devenue députée alors qu’on parlait encore des « Juppettes », les femmes ministres qui servaient de faire valoir mais dont la voix ne comptait jamais vraiment. Et tu as toujours su t’imposer et faire entendre ta voix. Même quand elle déplaisait aux forces bien établies.

Michèle, Femme engagée :

Tu étais présente aux côtés des militants pour toutes les mobilisations, les marches, les sit-ins que tu trouvais justes, sur le nucléaire, les OGM, les pesticides, les gaz de schistes, les demandeurs d’asile, les retraites, le droit des femmes. Tu as traversé la France avec la marche des cobayes pour dénoncer l’effet sur la santé des polluants de l’environnement.

Michèle Femme injustement critiquée :

Pendant ces quinze ans au parlement européen, tu as agi pour la santé environnementale, contre les lobbies agro-chimiques et pharmaceutiques, pour la défense du vivant et de l’environnement.

La médecine conventionnelle te reprochait d’écouter la médecine complémentaire, mais tu voulais écouter et comprendre tout le monde. Tu as compris et porté les interrogations des anti-vax, parce que tu te plaçais toujours du côté de ceux que les lobbies industriels veulent faire taire. Cela t’a été reproché durement. J’étais pédiatre, je vaccinais les enfants, j’étais ton amie et nous en avons souvent discuté. Tu n’étais pas anti-vax, mais tu portais des critiques sur les vaccins que nous étions nombreux à partager : sur la toxicité de certains adjuvants alors qu’il existe des adjuvants moins toxiques mais plus chers, sur l’obligation vaccinale forcenée, sur les profits démesurés des laboratoires. Et ta contribution à ce débat, dans les travaux de notre parti comme dans ceux du Parlement européen, est beaucoup plus fine et utile que la caricature qui a parfois été faite de toi.

Michèle, Femme humaine :

Tu aimais les gens. Lors de nos porte-à-porte pour les campagnes électorales, tu pouvais rester une demi-heure et écouter avec respect une vielle dame seule dont tu savais qu’elle n’irait pas voter. Il nous fallait des plombes pour traverser Valence de la mairie à ton bureau : tu serrais des mains et donnait des accolades tous les 10 mètres.

Je voudrais citer ici ce qu’a écrit un homme à ton sujet ; un de tes collègues, député européen, David Cormand, quelques heures seulement après ta mort. Cela résume parfaitement tes insondables qualités humaines

« On ne peut en vérité qu’être amoureux de Michèle car tout en elle inspire la convivialité, l’accessibilité, l’authenticité. Même dans ces coups de gueule, sa franchise intransigeante et bienveillante l’emportait sur tout le reste »

Michèle Femme déterminée :

Je me souviens d’une réunion à la mairie en 2008 quand nous avons repris la mairie à la droite. Tu avais convoqué tous les opérateurs de téléphonie mobile pour leur demander d’établir une charte municipale sur les antennes. Je revois, autour de la grande table de bois ciré, les quatre opérateurs, l’air aussi renfrogné et triste que leurs costars gris foncé, et toi habillée de rose, sourire aux lèvres, mais intraitable.

Michèle, Femme juste :

Tu étais convaincue que l’intérêt général prévalait sur l’intérêt de quelques uns.

Michèle, Femme joyeuse :

Les fous-rires après des heures de réunions pour se détendre. Les repas joyeux au resto après les conseils municipaux, où on refaisait la séance. Et notre dernière soirée de fête, pour tes 70 ans, à Félines, le 15 Juillet, nous avons chanté, dansé, ri... Nous étions nombreux à profiter de ton bonheur. Aujourd’hui, les sourires sont moins de rigueur. Mais promis, Michèle, on continuera à rire, à danser et à chanter.

Michèle, Femme amoureuse ;

Tu aimais que Gérard soit à tes côtés. Il t’a accompagnée lors de notre campagne en 2008 pour te soutenir et nous soutenir parce que nous ne nous n’arrêtions pas. Même le soir au milieu de la nuit, nous faisions des projets pour une Valence plus humaine plus écologique. Et, à son tour, il a été pollinisé par le désir du bien commun et il a suivi ta voie de l’engagement politique. Lui aussi est mort trop tôt, par un matin froid de Novembre, comme toi.

Michèle Femme endurante

Endurante dans ton travail acharné au parlement européen comme lors de nos randonnées en montagne, en été dans les géo-randos en Vanoise, ou en hiver, raquettes aux pieds sur le plateau du Vercors ou dans le Beaufortain.

Tu forçais mon admiration lorsque tu repartais à Félines après une réunion tardive, la nuit par tous les temps. Où trouve-t-elle cette énergie était ma question, et je comprenais que c’était à Félines que tu retrouvais la force intérieure avec tes animaux, tes arbres , cette nature sublime. Je comprends que tu veuilles y demeurer pour l’éternité.

Michèle, Femme solidaire avec les femmes, amie dévouée :

Chaque année autour de la journée internationale du droit des femmes, Michèle organisait un dîner de rencontre entre plusieurs femmes du territoire, à la table des Jeannes : l’occasion d’échanger, de croiser les chemins.

Toujours disponible pour les accidents de la vie des amies, j’ai pu apprécier ton aide rassurante dans une période difficile de ma vie.

Michèle, Femme aimante comme fille, mère, belle-mère et grand-mère  :

Nous échangions souvent sur nos bonheurs et nos soucis au sujet de nos enfants et petits enfants.

Emilie, Marine je salue votre courage cette dernière semaine après la mort si brutale de votre mère, vous avez voulu être bien certaines des raisons de sa mort si soudaine ; cette démarche était semée d’embûches, mais légitime. Comme elle avait raison d’être fière de vous ! Guilhem, Jérémie, comme elle vous aimait.

Et ses petits-enfants, qu’elle aurait tant aimé voir grandir plus longtemps Elisio, June, Lou. Vous saurez que vous aviez une grand-mère exceptionnelle.

Nous serons toujours là pour vous.

Et puis, Madame Michèle Rivasi était une femme puissante.

Son talent, sa force de caractère, son dynamisme et son sens politique ont permis à l’écologie politique et la gauche de gagner de nombreuses victoires. Tu as été la femme qui nous a fait entendre.

Et le mot de la fin, c’est Michèle qui l’aura, elle écrivait en 2018 :

« L’écologie peut aujourd’hui être cet horizon qui manque aux citoyens déboussolés pour réenchanter la politique. L’écologie c’est la paix entre les peuples, avec soi, avec l’autre, avec la nature . »

Adieu Michèle ! Jamais ton trou dans l’eau ne se refermera.

Nous allons chanter l’hymne des femmes en ton honneur.

Hymne écrit collectivement en 1971 par des militantes féministes du MLF Mouvement de Libération des Femmes

La dernière victoire de Michèle Rivasi au Parlement européen 14 décembre 2023

Une résolution condamnant des exactions du gouvernement de Tanzanie a été adoptée le 14 décembre. C'était un cheval de bataille de l'eurodéputée drômoise décédée le 29 novembre.  |  

Jeudi 14 décembre, le Parlement européen a voté, dans sa quasi-unanimité, une résolution en soutien aux Massaïs du Ngorongoro condamnant les exactions du gouvernement de Tanzanie à leur encontre.

Ce combat mené de longue date par Michèle Rivasi, députée écologiste disparue subitement le 29 novembre dernier, se concrétise donc aujourd’hui et pourra être inscrit dans son testament politique.

« Michèle Rivasi devait se rendre en Tanzanie le jour de son décès afin de mener une mission d’observation indépendante sur ces violations des droits humains, explique François Thiollet qui prend sa succession de député écologiste au Parlement européen. Je tenais à ce que cette lutte pour la liberté des peuples qui lui était si chère puisse perdurer. Sa voix aura pu résonner une dernière fois dans l’hémicycle européen à travers cette résolution. »

François Thiollet, 15^e sur la liste écologiste lors des élections de 2019, est élu dans le Loir-et-Cher.