Publié par Didier Jouve le 7 Mars 2011
Vous êtes certainement nombreux à avoir remarqué que de plus en plus d’objets de notre vie quotidienne ne « durent » pas longtemps. Vous entendez souvent
des parents, des amis vous dire que c’était plus solide avant. Toutes ces impressions sont bien réelles et reposent sur une incroyable idée : l’obsolescence programmée. Ce concept est né
avec les débuts du capitalisme industriel, dans les années 1920. Les premières ampoules viennent de faire leur apparition avec l’électricité et les ingénieurs les conçoivent durables. Les
fabricants d’ampoule créent alors un cartel, « Phoebus », dont l’objectif est de limiter la durée de vie des ampoules par tous les moyens techniques possibles. Le principe est
simple : si les ampoules durent trop longtemps, ils n’en vendront pas assez, et l’économie de croissance, pilier du système économique libéral, ne pourra pas se développer.
Au fil des décennies, ce principe s’est étendu à tous les objets de notre vie quotidienne : électroménager, bas et collants, automobile, informatique. Pourtant,
on savait faire à l’époque des ampoules quasiment inusables : une de ces ampoules brille aux Etats-Unis depuis 1904 !!
La première voiture fabriquée industriellement, la Ford T, était conçue pour durer de nombreuses années. Un réfrigérateur des années 30 pouvait fonctionner 25 ou 30
ans sans souci.
Seulement voilà, si le consommateur n’achète pas, il n’y a plus de croissance. Tout le système économique actuel est basé sur cette invraisemblable notion :
même si vous n’en avez pas besoin, vous devez quand même acheter pour faire tourner la machine économique. On fait la promotion du jetable et du « nouveau permanent » au lieu de celle
du durable.
Les produits sont donc aujourd’hui volontairement fabriqués pour ne tenir qu’un temps limité afin que vous en changiez régulièrement.
L’objectif de la publicité n’est pas d’informer ; elle est là pour rendre le consommateur insatisfait du produit qu’il vient d’acheter et pour l’inciter à en
changer le plus rapidement possible.
Le leitmotiv des chantres du système libéral est clairement affirmé : « Un produit qui ne s’use pas est une tragédie pour les
affaires ».
Cette spirale infernale s’est accélérée avec les nouveaux produits électroniques, informatiques, téléphonie et autre smartphone.
Quelles sont les conséquences de ce mode de production ?
La première c’est le pillage effréné des ressources de notre planète. Là où nous aurions besoin d’un volume limité de matières premières si les produits étaient
renouvelés plus lentement, les fabricants pillent les ressources en pétrole, minéraux et métaux pour une course folle à la consommation, artificiellement entretenue par le marketing et la
publicité.
La seconde, plus grave encore, c’est la création d’un volume incalculable de déchets.
Mais au fait, où vont tous ces déchets ?
Nous les envoyons massivement dans les décharges de pays en voie de développement, sous couvert de vente de produits d’occasion. On sait bien aujourd’hui qu’un
container de matériel informatique d’occasion envoyé au Ghana ne contient en réalité que 10% de matériel réutilisable, le reste étant déversé dans les décharges illégales, à ciel ouvert, de ces
pays.
C’est avec ces principes que s’est construit aux Etats-Unis le modèle de « l’American way of life », c’est-à-dire le bonheur supposé par la
consommation sans limite.
Le problème déjà rencontré au court des dernières décennies, c’est qu’il y a une incohérence entre les profits maximum réalisés par les investisseurs et la nécessité
que « le peuple » ait assez d’argent pour consommer. On l’a vu dans la dernière crise économique, une consommation en berne et c’est tout le système qui vacille.
En résumé, ce système s’appuie sur trois piliers très simples : la publicité, l’obsolescence programmée et le crédit ; en clair, tout ce qui pousse à
consommer, à faire tourner la machine et à produire de la « croissance ».
Ah, la sacro-sainte croissance, égérie de tous les économistes libéraux et de tous les politiques en panne d’idées nouvelles.
La position de l’écologie politique, vous l’aurez compris, est bien différente.
Elle est fondée sur une idée développée par Edgar Morin dans son dernier ouvrage (La Voie aux Editions Fayard) : « Moins, mais
mieux ! ».
D’abord, nous refusons le dogme de la société de croissance qui est devenue un bolide sans pilote. Le mur ou le ravin ne sont plus très loin…
Notre vision est celle d’une nouvelle prospérité dans laquelle chacun trouvera la réponse à ses besoins de vie, en respectant la planète et sa capacité finie à nous
donner des ressources. Nous croyons dans la croissance de la chimie verte dont l’objectif est de remplacer les processus polluants actuels par des processus ne produisant que des déchets bio
dégradables ou pas de déchets du tout.
Nous replaçons l’humain au centre du débat. Il doit reprendre la main sur les capacités de production afin que soient satisfaits tous les besoins essentiels de
l’humanité. Ne croyez pas que les OGM vont permettre de nourrir l’ensemble des êtres humains, quand les profits colossaux des multinationales de l’agro-alimentaire sont en jeu, ne croyez pas que
l’extraction du gaz de schiste sauvera l’humanité d’un manque prévisible d’énergie fossile.
Les solutions raisonnables et viables que nous proposons sont plutôt de développer une agriculture vivrière, locale et respectueuses des sols, créatrice d’emplois
locaux, de renforcer la recherche sur les énergies renouvelables, seules en mesure de solutionner à moyen et long terme les besoins en énergie de notre planète.
Il est indispensable de changer notre perception de la vie pour remplacer le quantitatif par le qualitatif, le plus par le mieux.
Notre volonté, c’est que les humains se réapproprient la satisfaction de leurs besoins, dans un monde plus juste et plus solidaire.